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En route pour l'aventure !

En route pour l'aventure !

Souvenez-vous… Nous nous étions quittés la dernière fois sur une petite réunion à la fesse heureuse où je présentais à Harken tous mes nouveaux compagnons avant de partir pour l’aventure… Oui, il va bien falloir affronter ma succube et mettre un terme à ma malédiction… Il s’agissait d’un débat houleux, jusqu’à ce qu’intervienne ma dernière aventurière…

*

                   Nous quittons Kos pour les chutes de l’Avranis dès le lendemain. Je rappelle pour ceux qui suivraient de loin mes aventures que j’ai probablement localisé la tanière de ma succube après ma visite de la grande bibliothèque et ma rencontre avec ce curieux magicien, Bazhell Reed. Je dis probablement car rien n’est sûr dans ces aventures, le conteur lui-même ignore au moment de coucher ces mots si mon ennemie lanceuse de malédiction s’y trouve encore… Donc, ce n’est pas un effet de style de ma part si je vous dis que l’on peut très bien revenir bredouille comme auréolé de gloire, loin de moi de créer un pseudo suspens. Mais je suis quand même entouré des meilleurs compagnons pour cette rencontre fatale, donc logiquement, je devrais en revenir libéré de ma pesante et humiliante malédiction. Sauf que mes compagnons semblent s’être donnés le mot pour arriver en ordre dispersé et surtout très tardif à notre lieu de rendez-vous.

- Putain Breth, y’a que notre sorcière et Poigne-gay ! On va pas s’embarquer dans cette aventure avec un laideron et un gay-luron quand même !

- Arrête de l’appeler laideron s’il te plaît, ça ne va pas contribuer à améliorer la bonne entente dans le groupe !

- Ben c’est juste que tu n’as pas daigné décliner l’identité de notre prix de beauté, rétorque Harken en s’approchant du temple d’Akath.

Tiens, c’est pas faux, son nom n’apparaît pas dans l’épisode précédent, j’aurais juré avoir donné son nom, mais comme notre dernière aventurière est arrivée au même instant, Harken ne l’aura pas entendu, ou retenu, son attention étant toute accaparée par la nouvelle venue… Et comme c’est lui qui s’est chargée de relayer cet épisode, le bougre aura oublié de mentionner son nom.

- Elle s’appelle Yeth, mais préfère qu’on l’appelle par son patronyme… Mithra !

- Oui ben c’est pas avec ta Mithra Yeth que tu vas buter ta succube, moi je te le dis, elle m’inspire pas ! Elle n’est même pas magicienne, juste thaumaturge qu’elle a dit.

- Oui, ben tu seras content de la trouver si tu te prends un mètre d’acier valyrien dans le bide, ou si une boule de feu t’explose à la tronche !

Ma réponse a au moins le mérite de lui clouer le bec, comme s’il prenait soudainement conscience des dangers qui l’attendent. Nous ne partons pas en pique-nique mais trucider une démone vieille de deux cents ans, adepte de la magie noire, qui s’est tout de même permise de rouler dans la farine les démons et les diables avec lesquels elle avait conclu son pacte… Excusez du peu, il y a du niveau quand-même ! Mais cela, je préfère le garder pour moi.

Mithra se lève à notre arrivée. Elle était assise sur les marches du temple, plongée dans la lecture d’un grimoire ô combien précieux : « la trahison des alchimistes » de Breth Harken.

- J’hallucine ou elle est en train de lire ton bouquin, remarque tout de suite Harken.

- Ah oui, dis-je en jouant l’étonné.

- Attends, rappelle-moi comment tu l’as recruté déjà ?

Je prends un air détaché pour ignorer sa question et saluer Poigne-gay, lui aussi avachi sur le perron du temple, à l’ombre de ses colonnes majestueuses. Il est tôt mais le soleil va encore cogner.

- Ne me dis-pas qu’elle t’a dit avoir lu ton ouvrage, qu’elle a adoré et qu’elle serait fière de figurer dans tes aventures tout de même ?

Ah ce Harken, on ne peut rien lui cacher, il a ce sixième sens qui est plus que de la simple intuition. Je hausse les épaules.

- N’importe quoi.

Poigne-gay se charge de mettre fin à cette conversation embarrassante en lui donnant une accolade de bienvenue pour le moins chaleureuse. Au moins celui-là se rend-il déjà utile.

- Je commençais à me demander si vous alliez venir, finalement, lance notre gay luron en le serrant vraiment de près et en nichant son nez au creux de son épaule.

Harken s’empresse de le repousser et son regard est tout à la fois mauvais, surpris et drôle tant il est décontenancé.

- Bon, ben il nous reste plus qu’à attendre les autres, fait remarquer Poigne-gay.

- Pour ce qui est du nain, on peu s’en passer, rétorque la sorcière qui n’a toujours pas digéré le sobriquet de laideron que lui a collé notre bougon compagnon de petite taille.

- Et le paladin aussi, ajoute Harken. Celui-là, il est trop beau pour être vraiment honnête, je le sens pas. On n’a pas besoin d’un moraliste religieux et guerrier !

Je lui lance un regard incrédule.

- Je me suis dit que contre une succube ça pouvait justement aider. La foi et le bien contre le mal et le chaos, ça se tient, non ?

- Et puis un paladin, ça manie bien l’épée, appuie Mithra.

- Et puis, il est beau, enchaîne Poigne-gay.

Tout le monde se retourne et lui adresse à cet instant une série de regards médusés, réprobateurs et incrédules (enfin surtout celle qui n’avait pas encore saisi toute l’ambiguïté de notre nouveau compagnon).

- Je sens que l’on parle de moi !

Quand on parle du loup… Notre beau blond, dans son armure de plaques rutilante (il dort avec ou quoi ?) fait une apparition presque féérique sur le perron du temple. Les premières lueurs du soleil se reflètent sur son plastron doré, notre ange guerrier descend alors les marches du temple avec une fierté emprunte de morgue. Je le vois toiser Harken d’un air mauvais et presque menaçant.

- Vous excuserez ces quelques minutes de retard, j’étais en pleine confession avec Akath, dieu de la lumière.

- Et il t’a pas mieux éclairé sur le sens de ta présence parmi nous, réplique Harken. Parce que si tu étais vraiment en communication avec ton dieu, il t’aurait sûrement conseillé d’aller voir ailleurs.

- Evidemment, c’est ce que tu aurais préféré. Que j’aille voir ailleurs et que j’ignore le larcin que tu as commis sur ma propre personne hier à l’auberge ! Sauf qu’Akath m’a éclairé aussi sur cela et que tu vas devoir payer, vil coquin que tu es !

Je me tourne vers Harken et perçoit tout de suite à son air faussement détaché qu’il est coupable jusqu’à la moëlle… Il n’aura pas pu s’empêcher, l’imbécile ! L’autre poursuit sa tirade et sort de son fourreau, sa longue épée bastarde.

- Merci à toi, Breth, d’avoir accepté de fixer ce rendez-vous devant le péristyle magnifique de la divinité que je sers car il est toujours bon de rendre justice devant son temple. Ton ami voleur m’a dérobé une bourse, c’est la dernière qu’il dérobe, j’en fait le serment, car je vais dans l’instant le délester de ces deux mains. Il fera moins le malin, avec deux moignons, pour piquer les bourses des copains.

- Copain, et où est-ce que t’as vu qu’on était copain ? Un con comme toi, ta bourse, je la pique avec les dents si je veux !

- Alors il me faudra aussi te délester de tes dents !

Ambroise Dure-Foi avance maintenant d’un pas ferme et décidé vers Harken, qui demeure figé, la main sur le pommeau de sa dague. Il ne va pas faire le poids. Faut que j’intervienne… Maintenant, ou il sera trop tard.

En route pour l'aventure !

- C’est que j’ai besoin de ses mains, dis-je en m’interposant. Il va devoir escalader la paroi rocheuse d’une cascade, détecter des pièges, se battre peut-être…

- Non, non, laissez-le rendre justice, intervient Mithra. Les mains, je peux les lui faire repousser, je suis thaumaturge, vous avez oublié ?

Harken la foudroie dur égard puis revient vers moi pour se placer sous ma protection.

- Euh, si on peut éviter les expérimentations douteuses et les démonstrations de justice expéditive, ce serait mieux.

- Voilà qui est sagement dit !

Cette voix met tout le monde d’accord. Ferme et sensuelle, douce et autoritaire, surgie de nulle part comme la veille au soir dans l’auberge. Notre dernière aventurière fait à nouveau une apparition remarquée et remarquable Quelle femme incroyable ! Le paladin range son épée, Harken se détend… Et en plus, elle n’est pas seule… Et si c’était elle, finalement, l’aventurière la plus utile de cette hétéroclite compagnie ? Ah oui, je ne vous l’ai pas encore présentée… Ah quel sens du teasing… La prochaine fois, promis, juré.

Illustration de Larry Elmore

Illustration de Larry Elmore

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