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REMAKE FANTASY d’un grand classique du cinéma

A quelle scène culte du cinéma vous fait penser cette illustration ?

A quelle scène culte du cinéma vous fait penser cette illustration ?

La déesse s’avança d’une démarche altière vers le trône des accusations, ainsi appelait-on ce grand fauteuil en pierres, édifié au cœur du temple de Rhodes.

Aphrodite salua d’un clignement de paupière son (demi) frère Apollon au moment de passer à ses côtés, puis balaya du regard les dix autres dieux présents. Le gros Dionysos lui lançait déjà des regards concupiscents et elle avait senti le poids de son regard sur sa croupe en rejoignant le trône de pierre (à ne pas confondre avec un autre trône, je vous prie !). Il n’était pas le seul à baver sur sa plastique parfaite, si admirablement mise en valeur dans cette longue robe de lin blanc, moulante à souhait, tissée par Pénélope, l’épouse éplorée d’Ulysse, en remerciement pour lui avoir ramené son navigateur de mari. Elle n’était pour rien dans cette prouesse, mais les dieux ont pour habitude de ne pas démentir les exploits qu’on leur attribue parfois à tort et encore moins de refuser une offrande. En cela, elle n’était pas différente des autres divinités. Elle savait profiter de son statut, manipuler les mortels, jouer de leur crédulité, leurs faiblesses, leurs désirs.

Aphrodite prit place sur le fauteuil en pierre en prenant soin de croiser les jambes bien haut. Sa robe fendue glissa le long de ses cuisses et révéla le galbe parfait de ses jambes, leur grain délicat, leur pigmentation légèrement ambrée, et même leur douceur que l’on pouvait imaginer sans même poser la main sur sa peau parfaite, au grain délicat, à la pigmentation…

- Eh oh monsieur Harken ! Revenez parmi-nous je vous prie.

J’entends un claquement de doigt et me redresse sur mon petit tabouret inconfortable. Un jeune homme en tunique et cape se tient au-dessus de moi. Il porte en bandoulière un sac en cuir de belle qualité et, ce qui me surprend davantage, de magnifiques sandales ailées. Je le reconnais immédiatement à ses attributs, il s’agit d’Hermes, le dieu des voyageurs.

- J’ai fait un long voyage pour aller chercher parmi les mortels, le meilleur des chroniqueurs, ne me faites pas regretter mon choix, je vous prie.

- Euh oui, je suis désolé, la fatigue due au voyage je présume, je crois que je me suis assoupi.

Hermes n’est pas dupe et me gratifie d’un sourire narquois.

- Le voyage, pour vous, n’a duré que le temps d’un battement de cil, pour moi, oui, il a représenté une longue quête. N’éprouvez aucune honte à votre état de sidération et d’admiration. Aphrodite fait cet effet à tous les mortels, et même, il faut bien l’avouer… Il se penche et me glisse à l’oreille. A certains dieux.

Je rougis et détourne les yeux vers l’auguste assemblée qui n’a d’yeux (dieux ??) que pour moi. Tous me regardent.

- Si l’on pouvait reprendre l’acte d’accusation, cela m’agréerai bien car j’ai quelques mortelles à visiter et honorer avant le lever du soleil, tonne Zeus, que je reconnais à sa taille (il les domine tous), sa prestance, et la foudre qui jaillit de la paume de sa main, par intermittence, comme un gamin qui jouerait avec un yoyo.

Poséidon quitte son trône sur lequel était gravé des motifs aquatiques, vagues déchainées et dauphins surgissant des flots, et prend la parole d’une voix grave et accusatrice.

- Accusée, veuillez décliner votre identité.

- Est-ce vraiment nécessaire mon oncle ? Cela fait une éternité que nous nous côtoyons, et même si j’ai de nombreux attributs, je n’ai jamais changé d’identité, contrairement à d’autres dans ce sanctuaire, qui aiment à paraître sous d’autres visages pour séduire de pauvres mortelles, précise-t-elle en fixant Zeus. Puis elle se tourne vers son accusateur et le fustige du regard. Ou assouvir de basses vengeances.

Poséidon a usé de tant d’artifices pour persécuter Persée que l’allusion à peine voilée met le dieu des tempêtes dans l’embarras quelques secondes. Aphrodite s’en amuse et fait apparaître une pomme dans sa main. Au moment de la porter à sa bouche, le jeune Hermes intervient depuis son trône pliant de voyageur.

- Il est interdit de croquer des pommes au sein de ce sanctuaire mademoiselle Aphrodite.

La déesse se tourne vers son jeune interlocuteur et lui lance un sourire narquois.

- Ah oui ? Et qu’allez-vous faire ? M’inculper pour croquage de pomme ?

La seconde qui suit, elle mord à pleine dent dans le fruit du pêché, le regard pétillant de malice.

- Bon, si nous pouvions lire l’acte d’accusation, s’impatiente Zeus. Poséidon, à toi la parole.

- Je suis étonnée, le devance Aphrodite. Que Perséphone ne soit pas présente parmi nous. C’est elle la plaignante.

- Elle est aux enfers et doit y rester, intervient Hades. Ce n’est pas parce que tu jouis d’une grande liberté que toutes les femmes doivent suivre ton exemple ! Quand on voit, en plus ce que tu fais de cette liberté, je me dis que tu aurais bien besoin d’un mari qui te prenne en main.

Aphrodite goûte peu l’attaque misogyne et foudroie le dieu des enfers d’un regard sombre et mauvais.

- Dois-je te rappeler, mon cher Hades, pourquoi je suis ici ? Ton épouse légitime, sous ta poigne d’homme marié et imbu de sa virilité toute patriarcale, t’a fait pousser des cornes sur le front avec Adonis son amant, qu’elle m’accuse d’avoir tué !

Hades se lève, bouillonnant de colère. Son cerbère, assoupi à ses pieds, se redresse lui aussi, et trois babines se mettent à grogner de concert, sans même savoir vraiment pourquoi, juste parce que son maître semble contrarié, et c’est un doux euphémisme.

- Hades, rassied-toi, je te prie, le calme Zeus. Au moins, on a enfin le résumé de l’affaire. Aphrodite, tu es accusée d’avoir fait assassiner Adonis, en enchantant un sanglier et en le rendant fou de rage, ce qui a provoqué une charge mortelle de la bête pendant l’une de ses chasses !

- Exactement comme l’a écrit Homère dans l’Illiade ! Renchérit Poséidon qui veut réaffirmer son rôle d’accusateur.

-Ca aurait vraiment été stupide de décrire un meurtre et de l’exécuter ensuite de la façon dont Homère l’a décrite dans son bouquin, je me serai désignée moi-même comme l’assassin, je ne suis pas stupide.

- Aphrodite, nous savons que tu n’es pas stupide, lui rétorque Poséidon.

Dionysos, qui n’a pas cessé jusqu’à présent de reluquer ses jambes, puis ses lèvres, lorsqu’elle a croqué la pomme, semble enfin sortir de son état d’hypnose pour reprendre la parole. Il est sarcastique.

- C’est peut-être une façon de vous faire disculper. Qu’il ait écrit ce récit vous donne un alibi.

Le visage d’Aphrodite s’illumine, mais j’ai du mal à y lire un réel étonnement, plutôt de l’ironie.

- Ah oui, c’est vrai ce que vous dîtes, mais la réponse est non, je ne l’ai pas tué.

REMAKE FANTASY d’un grand classique du cinéma

Aphrodite plonge un regard assuré et plein de défiance à Dyonisos qui est obligé de battre en retraite et changer de sujet.

- Quelle était la nature de vos relations avec monsieur Adonis ?

- Il était mon amant, je le partageais avec Perséphone. J’ai couché avec lui pendant un an et demi, j’aimais coucher avec lui, il aimait les nouvelles expériences. J’aime les hommes comme ça. Ceux qui me donnent du plaisir. Il m’a donné beaucoup de plaisir.

Les dieux s’échangent des regards interloqués. S’ils ne s’étaient pas eux-mêmes livrés à des tas d’expériences avec des mortels, ils auraient été choqués.

- Avez-vous expérimenté les pratiques sadomasochistes avec lui ? Reprend Dyonisos.

- Qu’avez-vous en tête exactement ? Réplique Aphrodite, toujours aussi souriante.

Quelle femme, pardon quelle déesse ! Quel aplomb, quel sens de la répartie ! Quelle beauté ! Je suis sous le charme, totalement subjugué…

- Lui avez-vous lié les mains ? Poursuit Dyonisos.

- Non

- Vous ne lui avez jamais lié les mains ?

- Adonis aimait trop se servir de ses mains. J’aime les mains et les doigts.

- Euh, quel rapport avec le meurtre ? Intervient soudain Athéna, silencieuse jusqu’à présent. Poseriez-vous ce genre de question si l’accusé était un homme ? J’en doute, je vois, dans vos attitudes, messieurs, un soupçon de misogynie mal placée.

- Ah ça y est, on va nous refaire le coup de la société patriarcale, soupire Zeus. Qu’y peut-on si les males sont plus forts, plus virils, et les femmes, plus sensuelles, plus maternelles.

- Je te rappelle, père, que je suis déesse de la guerre, rétorque Athéna en se levant. Elle fait claquer sa lance sur son bouclier, et défie quiconque du regard. Alors le côté maternel, laisse-le à Hestia !

Hestia, silencieuse, et réservée, comme à l’accoutumée, relève le nez de ses aiguilles, elle était en train de tricoter un surcot au petit dernier.

- Pardon, quelqu’un m’a sollicité ? Quelqu’un a prononcé mon nom ?

- Voilà une femme bien éduquée, renchérit Hermes en souriant. Une femme entièrement dévouée à sa famille et son foyer.

- Evidemment, c’est la déesse de la famille et du foyer ! Glousse Athéna. Mais Zeus, excuse-moi de te le dire, tu as oublié de nommer un homme qui manierait le balai comme le glaive, et le torchon comme d’un bouclier. Je lui aurais ajouté comme attribut, le gant de toilette et le savon. Il aurait été le dieu de la propreté, sous son toit et sur lui, et vous tous ici présent, auraient un peu moins embaumé l’air que je respire !

Zeus ne peut contenir un éclair de rage qui s’abat sur la statue d’Aphrodite, sous le péristyle.

- Ah mais c’est pas vrai ! On n’en a pas fini avec toutes ces digressions ! Revenons à nos dossiers, bordel de dieux !

Un silence suit la colère du père des divinités, et Poséidon se penche sur le parchemin qu’il tient à la main.

- Je vois dans le dossier, que l’on a retrouvé une écharpe de soie blanche près du corps d’Adonis, reprend-il d’une voix adoucie. Elle t’a été offerte par une dénommée Ariane en offrande pour que tu aides Thésée à fuir le labyrinthe.

Aphrodite pourrait se contenter d’approuver, mais elle préfère jouer, manipuler, provoquer. Elle sourit en croisant les jambes.

- J’aime les écharpes de soie blanche, elles servent en toute occasion, dit-elle en remarquant les regards qui se sont aussitôt portés sur la fourche de ses cuisses.

- Vous aimez les hommes qui utilisent leurs mains, relance Dionysos qui n’a pas oublié ses propos récents.

- Non, j’ai dit que j’aimais qu’Adonis utilise ses mains. Je n’ai aucune règle, je suis le courant.

Dionysos se recale sur son siège, déconfit. La température a grimpé et va bientôt grimper davantage. Poséidon se replonge dans son acte d’accusation, et relance avec obstination.

- Je vois dans l’autopsie effectuée que la victime avait consommé de la drogue peu avant de mourir.

Dionysos saute sur l’occasion pour la cuisiner sur ce sujet.

- Vous prenez de la drogue, mademoiselle Aphrodite ?

- Ca m’arrive.

- Vous avez pris de la drogue avec monsieur Adonis ?

- Bien sûr.

- Quel genre de drogue ?

- Fromage de chèvre et miel coupé au poivre et à la cannelle. Un silence suit la révélation et je remarque alors qu’elle me lance un regard sensuel et provoquant. Vous avez déjà baisé sous fromage de chèvre et miel coupé au poivre et à la cannelle, Breth  ?

Un ange passe… Des cuisses s’écartent légèrement, un duvet blond apparaît, des rougeurs intempestives rosissent mes joues… La température grimpe… Tous les dieux se tournent vers moi, et prennent soudainement conscience de ma présence, moi le pauvre et simple mortel… Qu’est-ce que je fais ici ? Au secours !!! Je voudrais disparaître… Je me réveille d’un coup, le visage hébété de Harken penché au-dessus de moi… Ai-je rêvé ? Ce n’est pas possible, Hermes m’a renvoyé dans mon monde  de mortels… Je n’ai pas la fin de l’histoire… Aphrodite est coupable ou pas coupable ? Comme dans le film en fait, je me suis toujours demandé, pourquoi il y avait ce putain de pic à glace sous le lit dans la scène finale de « Basic Instinct » ? Ca me trotte et ça me hante, c’est grave docteur ? En tous cas, ça fait marrer Harken… Vous aussi j’espère…

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M
Excellent, hâte de recevoir le livre. Si ça te dit, je serais partant pour un échange d'articles.
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M
Et je me mets au travail, pour te proposer quelque chose à ta hauteur. Le Scribe du C'hoarzh vient de m'envoyer un moineau voyageur (on fait avec ce qu'on a). Il n'apprécie pas du tout ce surplus de travail, mais il est d'accord pour s'imprégner de ton univers. Comment ? Ah il souhaite savoir s'ils servent de la liqueur de pomme aux "Fées de logis" ? Je vois de quelle imprégnation il veut parler, je sens que je vais faire le gros du travail sur ce coup là.
H
Echanger des articles, oui, c'est une idée qui permettrait d'élargir nos audiences. Je suis ouvert à toute proposition (surtout malhonnête, me souffle cette âme damnée d'Harken ;-)