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Chroniques de la Lune noire

Chroniques de la Lune noire

Scénario de Froideval, dessins de Ledroit puis de Pontet et Cyril

30 ans que le premier volume de cette BD culte est sorti, ça méritait bien un petit hommage sur notre blog… Parce que oui, il n’y aura pas de pseudo suspens pour savoir s’il faut lire cette BD, je suis fan, je vous la recommande chaudement, et si vous lisez au-delà de ces 4 premières lignes, c’est pour découvrir tous les atouts de cette BD, quelques petits secrets peut-être, ou tout simplement pour le plaisir de passer un peu de temps en ma compagnie… j’émettrai toutefois une petite réserve en fin de chronique si vous avez le temps, la patience et l’attention nécessaires à la lecture de ces quelques lignes.

30 ans, ça nous renvoie à un temps où un mur séparait encore une grande capitale européenne, et cela bien avant qu’un autre, de glace, nous captive et nous fascine sur le petit écran. Donc, une BD antérieure au trône de fer, antérieure aussi à la trilogie du seigneur des anneaux sur grand écran dont les batailles fabuleuses, et notamment le siège de Minas Tirith (dans le retour du roi) m’a tout de suite rappelé les batailles de la lune noire. Les dessins fabuleux fourmillent de détails et savent rendre l’ordre qui règne dans les rangs avant l’assaut, puis, et l’on sent le côté jubilatoire des auteurs, le chaos dévastateur de la bataille lorsque la charge est lancée. Ca pète dans tous les sens, les têtes sont coupées, les cadavres sont piétinés, les boules de  feu sont lancées, les dragons chargent, il y en a pour tous les goûts… Il y a toute sorte de monstres, de peuples, de races, et au final, ce que je laissais apparaître de manière sous-jacente dans le début de ma description des batailles, c’est bien l’ordre contre le chaos. La longue préparation des batailles, (parfois tout un tome) est toute aussi jubilatoire que la bataille elle-même, pleine de rebondissements et de trahisons. Et de trahisons, il en est souvent question… Quelques soient les forces en présence…

Le siège de Minas Tirith (le retour du roi)

Le siège de Minas Tirith (le retour du roi)

Le signe des ténèbres, le premier tome d'une longue chronique.

Le signe des ténèbres, le premier tome d'une longue chronique.

- Et si tu nous les donnais ces forces en présence, on y verrait peut-être un peu plus clair ! (eh oui, même dans une critique de BD, on n’est pas à l’abri d’une intervention de Harken, je suis désolé)

- Le monde de la lune noire tient à la base en l’affrontement de deux grandes forces, elles-mêmes divisées, je dirais presque rongées par d’autres forces, d’autres ambitions, et d’autres trahisons à venir (je vous le dis, c’est jubilatoire).

Il y a l’Empire, avec à sa tête, je vous le donne en mille… Ben un empereur. Il se nomme Hagendorf, c’est un guerrier froid et cruel, avec déjà quelques années au compteur, ce qui attise les appétits de ses vassaux qui lorgnent ouvertement sur son trône. Parmi eux, un certain Fratus Sinister, le maître de l’Ordre et la Lumière, un ordre religieux féal de l’Empire. Ce Fratus est un arriviste calculateur et arrogant qui ne sert que ses propres intérêts. Celui-là, vous adorerez le détester avec sa tête à claques… Et c’est d’ailleurs là, une grande force de la BD, qui accorde à merveille la justesse des dessins, des visages, des expressions avec la grande richesse du scénario, la profondeur des pensées machiavéliques des héros.

- Putain, avec des amis comme ça, il n’a pas besoin d’ennemis. Préservez-moi de mes amis, je m’occupe de mes ennemis.

- Oui, mais Hagendorf est puissant et il n’est pas né de la dernière pluie. Il peut aussi s’appuyer sur le commandeur des chevaliers de la Justice, un prince dévoué à Dieu, dont la force des coups n’a d’égal que sa loyauté, sa droiture, et son courage. Il est évidemment accompagné d’une cohorte de fidèles. Celui-là a un nom qui sent bon les légendes anglosaxonnes et germaniques… Il se nomme Parsifal et son origine est décrite dans les arcanes de la lune noire, la série préquelle de Froideval et Tacito.

- Je rêve où tous ceux que tu viens de décrire font normalement partie du même camp ?

- C’est la richesse et l’atout de cette BD. Son monde, ses forces en présence, sa cohérence.

Haazheel Thorn, l'archimage maléfique de la lune noire.

Haazheel Thorn, l'archimage maléfique de la lune noire.

Face à l’Empire et aux jeunes loups qui s’apprêtent à le trahir, se dresse Haazheel Thorn, le fils du Seigneur des Ténèbres, ennemi juré d’Hagendorf. Ce vieillard terrifiant est aussi le Grand Maitre de la Lune noire, un ordre magique, fait de rites cruels, d’incantations et d’invocations. Les couleurs utilisées sont codifiées pour mieux cerner les alignements des personnages. Haazheel Thorn et les partisans de la lune noire ont souvent une aura verte, et c’est une trouvaille ingénieuse très pratique pour identifier les combattants dans la mêlées des batailles. Le rouge est utilisé pour les démons, et notamment Uchmacht qui le sert, ainsi que son fidèle lieutenant, le redoutable baron de Moorck qui ne se sépare jamais de son heaume redoutable.

Ajoutez à ce maelstrom de forces en présence le Mage Ultime, Methraton, qui soutiendra notre héros et dont l'immensité des pouvoirs est à la mesure de sa haine des dieux qui l'ont banni.

- Et tu nous en parles quand du héros ? Parce que là, ça fait quand même cinq minutes que tu chroniques et tu n’as même pas énoncé une seule fois son nom. C’est un challenge personnel que tu t’es lancé ou une volonté de perdre le lecteur ?

- Toujours un mot aimable à ce que je vois ! Je ne sais pas pourquoi je tolère ces remarques, je pourrais tout aussi bien les censurer. Je suis trop libéral, va falloir que je change !

Ce héros, donc, qui va au gré de son cheminement personnel, des révélations et des trahisons, se faire un nom et une destinée hors du commun s’appelle…

- Stop, roulement de tambours, il va lâcher le nom du héros qu’il est censé chroniquer à la trente-neuvième lignes, bravo monsieur le chroniqueur…

Inspiration, concentration, restons zen…

- Ce nom que l’Oracle murmure à l’empereur pour le mettre en garde sur la colline des murmures (whispers hill) deviendra dès lors Wismerhill. Ce sont les toutes premières pages du tome 1 qui en compte… Eh bien on ne sait plus trop… Officiellement 19, mais un premier cycle s’achève avec le tome 14 « la fin des temps »… D’ailleurs, les auteurs mettront 4 ans pour relancer la saga entre ce tome 14 et le 15 (Terra Secunda 1/2»), qui, il faut bien l’avouer s’étire dès lors sérieusement en longueur. Comme le dit si bien un proverbe brésilien, à force de tirer sur l’élastique du string, il se casse… Et oui, les ressorts commencent à s’user, surtout que des préquelles ont aussi vu le jour.

- Qu’est-ce que c’est que cet anachronisme à la con ?

- Euh oui bon, j’en suis pas fier, j’admets. La censure m’interdisant de supprimer à postériori, je laisse… Revenons, à Wismerhill si vous le voulez bien. Notre bel héros, ténébreux à souhait, naïf au début de ses aventures, va s’entourer de compagnons et s’endurcir pour jouer dans la cour des grands… Les grands, on les a déjà décrit, je n’y reviens pas…

- Hagendorf, Haazheel Thorn, Parsifal, Fratus Sinister… Des noms qui claquent comme des coups de fouet ! J’adore !

- Ouais, moi aussi j’adore, on n’insistera jamais assez sur l’importance des noms, et écoute un peu les noms des compagnons de Wismerhill. Il y a Pile-ou-Face, le premier qu’il rencontrera, muni d’une épée magique… Ghorghor Bey, le demi ogre, une montagne de muscles qui ne fait pas dans la dentelle, Murata, pour la touche orientale, qui manie le sabre comme d’autres manient le fouet (de cuisine j’entends), et bien sûr, parce qu’il faut quelques femmes dans ce monde de brutes, je n’oublierai pas la première compagne de Wismerhill, Feydriva, et la seconde, Hellaynnea, qui n’est rien de moins que l’incarnation du charme et du vice… Une succube…

La rencontre de Wismerhill et de Pile ou Face et son épée... Caractérielle...

La rencontre de Wismerhill et de Pile ou Face et son épée... Caractérielle...

- Tiens donc, une succube, ça me rappelle quelque chose… T’aurais pas une chronique à finir avec une succube ?

- La ferme !!! Je finis d’abord celle-ci de chronique ! Wismerhill et ses compagnons vont évoluer au fil des tomes, changer de camp au gré de leurs ambitions (surtout celle du héros qui s’affirme de plus en plus comme chef), c’est bourré d’humour, et ce décalage entre la narration sérieuse des grands de ce monde qui pensent batailles, pactes et trahisons, et l’évolution de la petite troupe qui pensent baston, ripailles et trésors est savoureuse. C’est très inspirant en terme de jeux de rôles. Rappelons que le premier tome est paru en 1989, et que c’était un temps où le net n’existait pas… Que pour tuer le temps, on lançait des dés derrière un paravent, on ouvrait des vrais livres, on voyait des vrais gens…

- Oh non ! Quel vieux réac ! Reviens vite à ta chronique parce que là tu désespères tes rares fidèles qui ont eu la patience de te lire jusqu’ici !

Pas faux…

- Je terminerai donc cette chronique des « chroniques de la lune noire » (fallait que je le case au moins une fois) par un bémol de taille. Chose promise chose due… Il s’agit du changement de dessinateur après le tome 5 qui voit très nettement baisser la qualité des dessins. Ledroit est remplacé par un Pontet qui n’est pas encore au mieux de sa forme, et qui reprend peut être l’histoire au moment où Froideval cherchait aussi un peu sa voie dans le scénario. En tous, c’est hélas indéniable, les numéros suivants sont moins bons et le rythme ralentit. Heureusement, après trois tomes un peu faiblard, la série repart bien avec « Ave Tenebrae » et parvient même à se conclure avec le tome 14 « la fin des temps »…

- Avant de renaître de ses cendres avec le tome 15, quatre ans plus tard, comme tu nous l’as précisé un peu plus haut.

- Il n’empêche que cette BD est cultissime par sa galerie de portraits que je n’ai retrouvé nulle part ailleurs, son petit groupe de compagnons très jeuderôlesque, ses batailles titanesques, ses trahisons et revirements qui ont pu surprendre le lecteur naïf que je suis. Je vous la conseille sans réserve (ou si peu).

 

PS de Harken : Si vous n’avez pas compris grand-chose à l’histoire, dîtes vous bien que c’est normal, que vous n’êtes pas les seuls…

PS de Breth (en réponse à Harken) : c’est normal, ici on critique sans spoiler… Et puis, le principal, c’est d’avoir une idée de l’ambiance de la BD, ses points forts et quelques points faibles, pas une fiche de lecture, y’a wikipédia pour ça !

Re-PS de Harken : La prochaine fois, ton PS, fais-le court !

Re-PS de Breth : SHUT UP !!! (c’est assez court pour toi !)

Re-re PS de Harken : CENSURE !!!!!!!!!!!

Hellaynnea, la fameuse succube...

Hellaynnea, la fameuse succube...

Source wikipédia

Auteurs

Éditeurs

  • Zenda (collection « Technicolor ») : tomes 1 et 2 (première édition des tomes 1 et 2)
  • Zenda (collection « Fantasy ») : tomes 1 à 4 (première édition des tomes 3 et 4)
  • Dargaud : tomes 0, 1 à 18 (première édition des tomes 5 à 18 et 0), et intégrales I à V

Albums

  1. Le Signe des ténèbres (1989)
  2. Le Vent des dragons (1990)
  3. La Marque des démons (1991)
  4. Quand sifflent les serpents (1992)
  5. La Danse écarlate (1994)
  6. La Couronne des ombres (1995)
  7. De vents, de jade et de jais (1997)
  8. Le Glaive de justice (1999)
  9. Les Chants de la négation (2000)
  10. L’Aigle foudroyé (2002)
  11. Ave Tenebræ (2003)
  12. La Porte des Enfers (2005)
  13. La Prophétie (2006)
  14. La Fin des temps (2008)

Comme indiqué dans La Prophétie, le quatorzième tome des Chroniques de la Lune noire est l'épisode final. Pour ponctuer la fin de la série, trois couvertures alternatives de ce dernier tome sont peintes par Olivier Ledroit : Wismerhill chevauchant son dragon et survolant une cité en flammes ; Hellaynnea la succube ; un seigneur de la négation. Les trois mises côte à côte forment un triptyque.

Une préquelle est sortie en 2011 avec un nouveau dessinateur, Fabrice Angleraud.

Froideval et Angleraud inaugurent un second cycle, ou « saison 2 »3, en décembre 2012.

Froideval lance en novembre 2013 un tome hors série : l'Empire de la Négation. Il s'agit d'un guide de l'empire de Wismerhill à travers le témoignage de l'espionne Netsharine.

Apparition d'Uchmacht (extrait des chroniques de la lune noire)

Apparition d'Uchmacht (extrait des chroniques de la lune noire)

Le baron de Moorck

Le baron de Moorck

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