Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Quatre séries historiques passées sur le grill de Breth & Harken

Quatre séries historiques passées sur le grill de Breth & Harken

En ces temps où la culture se résume à se gaver d’images animées sur petit écran, (ah quelle misère), je vais malgré tout apporter ma pierre à l’édifice et vous aider à bien choisir parmi les offres pléthoriques d’une certaine plateforme commençant par un N et finissant par un X.

Mais attention, qu’une fois le voile maudit de cette pandémie enfin levé, et son cortège d’interdits qui l’accompagnent enfin dissipés, vous vous engagiez à vous précipiter dans les salles de spectacles, de cinémas, et de concerts… Car moi, l’ancien monde, je l’aimais bien…

Tenez bon amis chanteurs, jongleurs, poètes, danseurs, et comédiens… Viendra bientôt le temps du renouveau, le printemps ne peut pas être aussi mauvais que celui passé…

- Oui, bon, quand tu auras fini de déclamer ton amour au spectacle vivant, on pourra vraiment commencer notre chronique ! On sait ton attachement à la culture, tu es barde, Breth, alors quoi, pas besoin d’en faire des tonnes non plus !

- Tu as raison Harken, comme souvent, mais j’ai l’impression de me renier en faisant l’éloge de certaines séries d’une certaine plateforme, qui n’a pas besoin de ma publicité pour bien profiter des malheurs de notre société.

- Mon pauvre Breth, tu crois vraiment que Net…

- Chut, point de publicité t’ai-je dit !

- Excuse-moi de ruiner tes illusions, mais Netflix n’a rien à carrer de tes avis sur telle ou telle série, et puis excuse-moi aussi de te le rappeler, mais ton audience reste plus que limitée, alors je doute que tes avis, même circonspects ou carrément négatifs ne changent quoique ce soit à leur succès.

Je suis bien obligé de l’admettre, mais bon, je crains les représailles de N….X. Ne vont-ils pas couper mon abonnement ? En ces temps de confinement, je ne peux guère me contenter de « plus belle la vie » ou « demain nous appartient ».

- En plus, poursuit Harken, il y a dans ta hotte de père Noël, quelques séries vraiment sympas. Tu m’as forcé à les regarder et il y en a une que j’ai vraiment adoré…

Je le coupe car pour notre controverse, il est préférable de ménager nos effets et garder le meilleur pour la fin.

- Cette série que tu as aimé, je l’ai moi-même adoré, alors laissons mariner nos lecteurs et abordons-là en dernier. Dans ma hotte, comme tu dis si bien, j’ai 5 séries historiques, et nous allons vous dire ce que nous en avons pensé.

- Enfin historique, faut le dire vite…

- Je vois où tu veux en venir, et là encore je suis d’accord. Ce ne sont pas des séries historiques, mais des séries qui utilisent le cadre de l’histoire, qui plantent leur décor dans les siècles passés, parfois très lointains. Nous allons d’ailleurs établir cette chronique en commençant par la plus ancienne, et remonter ensemble le temps pour terminer par celles qui sont les plus proches de nous.

- Et qui s’avère, si je ne suis pas trop mauvais en histoire, celle que nous avons préféré. Donc ça tombe plutôt bien.

- La première série que nous allons évoquer a pour cadre les forêts sombres de Germanie, dans un temps fort lointain que le père du père de mon père n’a pas connu.

- Un temps où l’envahisseur portait une tunique et un glaive, poursuit Harken sur le même ton cérémonieux. Cet envahisseur avait pour blason, une louve qui avait jadis donné naissance à la fabuleuse cité de Rome.

- Il s’agit de la série « Barbares », une série allemande qui raconte à travers les destins croisés de ses trois héros, la révolte des tribus germaniques contre l’occupant romain.

- Il y a un cadre historique solide au scénario, me semble-t-il, puisque cet événement a bien donné lieu à la célèbre bataille de Teutoburg qui eut lieu si ma mémoire ne me fait pas défaut en l’an 9 de notre ère (en septembre je crois, pour être très précis).

Mon pauvre Harken, si tu crois que l’on imagine un instant que tu connaissais cette fameuse bataille avant d’ouvrir notre grimoire magique appelé wikipédia, tu nous prends vraiment pour des andouilles. Mais bon, c’est la trêve des confiseurs, on a dit avant de commencer « pas de coups bas », alors je me contente d’abonder dans son sens.

- Quelle culture mon cher Harken, je suis épaté. Le cadre historique est d’autant plus réaliste que le cheminement jusqu’à la bataille (le dernier épisode) est fait de trahisons et de rebondissements que certains historiens qualifient de sérieux.

- Certains, mais pas la majorité. La série en Allemagne s’est fait descendre par la presse et par un paquet d’historiens qui n’en ont retenu que des approximations vis-à-vis de l’Histoire avec un grand H.

- Là encore, j’avoue tu as raison. Néanmoins il faut reconnaître que les costumes, les villages et maisons germaniques, le camp romain, ont été magnifiquement reconstitués. Et puis, il y a cette originalité linguistique incroyable ! Les romains parlent latin… Chapeau bas quand même.

- Mmouais, mais l’histoire dans tout ça ? Enfin le scénario je veux dire.

- Le scénario est basique : une révolte de peuples asservis qui peine à se mettre ne place tant la division règne chez les Germains.

- Ils n’ont pas encore Angela pour les unir dans leur lutte contre l’envahisseur romain, plaisante Harken, tout heureux de son anachronisme.

- Mais ils ont Thusnelda, une blonde druidesse incendiaire, complétai-je en souriant. Et là évidemment, on part dans la romance historique. Il y a quelque chose de visuellement ressemblant à Vikings, la série référence en la matière.

- Oui, maintenant que tu le dis, tu as raison. Dans les combats, les costumes, les reconstitution, il y a bien du « Vikings » comme référence.

Décidément, il y a consensus sur cette série, nos avis se rejoignent. C’est, disons, « pas mal ». Nous sommes loin des controverses dans laquelle j’ai portant classé cette chronique. Mais la seconde série, et la troisième aussi, va nous voir nous opposer, je le sais.

- La seconde série a pour cadre le Moyen Age, les templiers, les croisades, le Graal, il s’agit de Knightfall.

- Ouais, là c’est du lourd. La première scène de la série, la prise d’Acre par les sarrazins, est juste superbe. En plus j’y ai reconnu le lieu de tournage, il s’agit de Dubrovnik, je me suis baigné à l’endroit même où les croisés se tirent avec le Graal, c’est pas incroyable comme coïncidence ?

- Si, et en te baignant, tu ne l’as pas retrouvé le Graal des fois ? Parce que tu as vu, leur bateau coule et le Graal tombe juste dans la crique en face donc de Dubrovnik (Acre, donc dans le film). Je ne spoile rien, c’est le premier quart d’heure du premier épisode.

- Très drôle, grince Harken. Mais n’empêche que c’est bien reconstitué. Le Paris du Moyen Age est vraiment super, avec son quartier juif, ses maisons bancales, ses venelles boueuses, la tour du Temple (célèbre aussi quand même), les salles du Louvre sont bien aussi. Enfin vraiment, il y a du budget et ça se voit.

- Les décors sont top, c’est vrai, et tu n’as même pas parlé de la reconstitution époustouflante de la sainte Chapelle. Le problème, c’est l’histoire.

- La quête du Graal, les confréries secrètes, les alliances, les trahisons, les rebondissements, moi j’ai adoré.

- Mais il n’y a aucune crédibilité là-dedans. Le pauvre Nogaret condamné à la pendaison qui s’enfuit de manière grand-quignolesque, non, là, c’est trop.

- C’est divertissant, original, et ça ne tombe pas dans la facilité scénaristique, moi je valide. J’ai regardé la saison 2, il y a Mark Hamill (Luke Skywalker) au casting, trop génial, vraiment. Mais les acteurs étaient déjà bons à mon sens, c’est aussi un point fort de la série.

- Si je conclue, je veux bien te rejoindre sur le côté divertissant de la série, il y a de belles scènes, des décors bien reconstitués, mais c’est quand même très bancal, côté scénario, surtout quand ça commence à se compliquer avec la mystérieuse confrérie de la lumière, là, c’est carrément tiré par les cheveux. Qu’une bande de sarrasins tout de noirs vêtus arpentent la France et Paris ensuite, tout de noirs vêtus, jusqu’au cœur du palais royal pour faire avorter un mariage, ça ne t’a pas paru un poil débile ?

- Un poil, t’es vraiment un mauvais coucheur, me concède-t-il en haussant les épaules.

Julien Frison, excellent en comte sadique...

Julien Frison, excellent en comte sadique...

- Alors que dire de notre troisième série, française, celle-là, « la révolution » ?

- Du fantastique à l’époque de la guillotine, des zombies qui côtoient les lumières, fallait oser, Aurélien Molas l’a fait. De l’audace, enfin de l’audace, allons quoi, Breth, tu ne peux pas casser cette série française, si j’osais un bon jeu de mot, je dirais, tu ne vas pas la condamner à l’échafaud.

- Non, je ne serais pas aussi catégorique, car il y a du bon dans la série. De bons effets, et de bons décors. Mais après un effet de curiosité vite contentée, la série s’essouffle. C’est trop lent, trop prévisible, trop gore parfois, trop inégal. Le jeu des acteurs est souvent caricatural, peu aidés il est vrai par des scénaristes et dialoguistes peu inspirés.

- Oh non, je le crois pas, tu dézingues ma série, je l’ai adorée. Le casting est superbe. Marilou Aussiloux (Elise de Montargis) est vraiment bien, elle a joué dans « adieu les cons » de Dupontel, et il y a une galerie de portraits qui valent le détour (on les a tous vu dans des seconds rôles, mais j’ai oublié leurs noms, désolé)

- Pour le casting, non, on repassera, ça sonne faux. Il n’y a guère que le magnifique Laurent Lucas qui tire son épingle du jeu, et son fils, l’abominable Donatien (Julien Frison) qui fait un méchant vraiment bavard, et sadique, comme le laisse supposer son nom (Donatien de Sade, ndlr). Guillotin est fade, Elise n’est pas aidée par un son à peine audible (moi j’aurais commencé par virer l’ingénieur son, qui a monté les graves au maximum au point de n’y rien entendre parfois).

- L’histoire d’une mystérieuse épidémie qui touche les nobles et les oblige à se nourrir de sang humain, les transformant en vampires-zombies, assoiffés de sang, c’est bien trouvé quand même.

- Ah la base, l’idée est bonne, mais elle s’essouffle vite, les décors ne se renouvellent pas assez, et pourtant, la ville et les rues bénéficient d’une belle image, d’un bel éclairage. Et que dire des combats, l’abus des ralentis est mauvais pour la santé cinématographique (vu et revu, lassant), pour moi, ça reste décevant.

- Tu es un rabat-joie, Breth, excuse-moi de te le dire.

- Pour adoucir mon avis, trop couperet à la relecture (oh elle est bonne, le couperet, le héros est le docteur Guillotin), je dirais en conclusion, qu’il s’agit d’une curiosité française en costume, un film de genre avec de vrais effets, et que cela peut tout à fait se regarder malgré tout… la preuve, je l’ai fait et j’ai tenu jusqu’au bout des huit épisodes, sans en avoir beaucoup souffert, faut bien l’avouer.

- Bon, on passe à notre petite dernière, relance Harken après ma conclusion. Celle-là, on l’a adoré tous les deux. Vraiment très original, des paysages d’une beauté à couper le souffle, un casting d’enfer, une histoire qui tient la route…

- Oui, là, le dépaysement est total car comme tu le dis, quand je l’ai visionné, je me suis cru au cinéma, tant les grands espaces envahissaient l’écran.

- Oui, moi, je me serais cru dans les films de Sergio Léone, il ne manquait plus que l’harmonica d’Enio Morricone.

- Cette série, avec l’introduction qu’on vient de faire, vous aurez sûrement deviné qu’il s’agit d’un western…

- Et oui, une série western, superbe et époustouflante, qui a su dépoussiérer le genre en 2020, ça existe, et ça s’appelle Godless, enchaîne mon compagnon qui tenait absolument à vous en révéler le titre avant d’en faire le pitch. Ca se passe dans un patelin perdu du middle west qui s’appelle La Belle, et où tous les hommes ont péri dans l’éboulement de leur mine. Restent les femmes, qui doivent se prendre en charge, gérer la ville et faire face à une bande de margoulins bien décidés de profiter de la situation.

Jeff Daniels, dans un rôle inhabituel de méchant, est extraordinaire.

Jeff Daniels, dans un rôle inhabituel de méchant, est extraordinaire.

- C’est alors prétexte à une galerie de portraits féminins, tout en nuances, toutes attachantes, le casting est vraiment très bon. Le méchant de service, notre bandit manchot est joué par Jeff Daniels qui est remarquable. Et que dire de Michelle Dockery en fermière courageuse qui va devoir prendre ses responsabilités. Allez-y, regardez sans la moindre hésitation, il n’y a que 7 épisodes, et le dénouement est tout bonnement extraordinaire, car il déjoue tous les pièges de la prévisibilité scénaristique.

Quatre séries historiques passées sur le grill de Breth & Harken

GODLESS CRITIQUE DE TELERAMA

Il était une fois dans l’Ouest, quelque part entre Nouveau-Mexique et Colorado, une petite ville de pionniers, vers 1880 : sa grand-rue poussiéreuse, son saloon, ses bâtisses de bois… Et ses habitantes. Au féminin pluriel. C’est la grande idée de Godless, le western tout neuf de Netflix, produit par Steven Soderbergh : s’installer, le temps de sept épisodes, dans une communauté presque exclusivement peuplée de femmes. A La Belle (même le nom du patelin n’a rien de viril), les hommes en âge de travailler, fils, maris et pères, sont morts le même jour, au cours du même accident, au fond de la mine d’argent locale. La série n’en fait pas mystère, au contraire : exposé d’emblée, ce deuil collectif contribue à mieux tremper le caractère de celles qui sont restées. Plus encore qu’une ville de femmes, La Belle est une ville de veuves, que la nécessité de survivre a profondément changées. Scott Frank, le créateur de la série, use de cet artifice romanesque — presque un phalanstère féminin — pour bâtir des personnages dont l’indépendance, la modernité ou les choix amoureux pourraient, ailleurs, autrement, paraître anachroniques.

Certes, Godless est avant tout une histoire de haine et d’amour quasi filial entre deux hommes — un hors-la-loi (Jack O’Connell) et son dangereux mentor, bandit manchot (au sens propre), interprété par un trouble et magistral Jeff Daniels. En bon western, la série abrite son shérif fatigué, son jeune Indien naïf, ses notables arrogants, ses hordes de flingueurs sanguinaires et autres mâles conformes aux codes du genre. Mais, au-delà des prouesses d’acteurs, des morceaux de bravoure et des grands espaces ébouriffants, ce sont les femmes, leur diversité, leurs relations, leur complexité, qui transforment l’exercice de style en œuvre originale.

 

Chacune semble s’extraire d’un archétype pour faire naître quelque chose de neuf : Michelle Dockery (ici très loin de la lady Mary de Downton Abbey) apporte une intériorité, un mystère inédit à son rôle de belle fermière solitaire. La formidable Merritt Wever (vue dans The Walking Dead et Nurse Jackie) aiguise de sensibilité son personnage de dure à cuire en pantalon. Même au second plan, d’une mariée en fuite à une ex-tenancière de bordel reconvertie en maîtresse d’école, chacune se voit distribuer sa part de vérité. Il y a, dans ces portraits, autant de nuances que sur ces photos d’époque où l’on posait le visage grave et les vêtements un peu froissés : une imagerie historique sur laquelle la série s’appuie au moins autant que sur celle du western de cinéma, ses mythes et ses motifs.

Quatre séries historiques passées sur le grill de Breth & Harken

Voici les notes récapitulatives de nos 4 séries en fonction des critères suivants : originalité, reconstitution historique, scénario, et casting. Et que les choses soient claires, au-dessus de 2.5, cela signifie que vous ne perdrez nullement votre temps à regarder la série jusqu’au bout (ce qui peut être le cas parfois avec des dénouements ratés… Ah je le crois pas je me suis tapé 9 épisodes pour aboutir à cette daube finale ? grrrr… On a tous connu ce genre d’expérience). Nos quatre séries ont donc tous un réel intérêt 😉

 

Originalité

Reconstitution historique

Scénario

Casting

 

 

Breth

Harken

Breth

Harken

Breth

Harken

Breth

Harken

 

Barbares

3

2

3

3

2

3

4

3

2.9

Knightfall

3

4

3

4

3

3

3

4

3.4

La révolution

2

3

3

3

2

3

2

4

3

Godless

5

4

4

3

4

4

5

5

4.2

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article