Les chroniques de la lune noire

14/05/2022 22:49

Tome 1 De Gueules

De Jeanne-A. Debats et François Froideval

Ed. Leha

Résumé :

« Dans les siècles des siècles, les Princes Démons Lucifer et Pazuzu s’affrontent en un jeu cruel et le monde est leur échiquier. Leurs pions vivent ou meurent, rient ou pleurent au gré de leur fantaisie démoniaque. Ainsi, Haagendorf, empereur de Lhynn, s’est vu prédire la fin de son règne lorsque l’Archer Chien de métal viendrait. En attendant, il tente de préserver ce qui peut l’être de son empire en s’alliant avec un ordre religieux qui ne rêve que de le détrôner : les Chevaliers de la Lumière, menés par leur retors commandeur : Frater Sinister.
Mais c’est sans compter La lune Noire et l’archimage Haazel Thorn. Ou bien, peut-être que la rencontre fortuite du jeune elfe voleur Pile-ou-face, armé de ses deux épées bavardes, et d’un demi-elfe sans nom à la lame flamboyante pourrait renverser le jeu, la table et les joueurs… »

Adapté de la cultissime BD éponyme, je dois avouer que je ne me serais pas risqué à acheter le roman de peur d’écorner la légende. Le scénario, l’humour, les personnages si nombreux et si fouillés, les rebondissements, et bien sûr la finesse des illustrations (surtout les premiers de Ledroit 😉) je m’étais dit que c’était impossible à transposer en roman. Mais on me l’a offert et je n’ai pas eu d’autre choix que de le lire. A reculons au début, puis très vite, avec un certain plaisir. Car la magie est bien au rendez-vous, l’adaptation est fidèle à l’esprit de la BD. Le scénario, évidemment, est identique, ça c’est le plus facile à suivre, l’histoire est toute tracée, reste à demeurer dans les clous. Mais le second point évoqué plus haut, l’humour, est beaucoup plus difficile à rendre quand on n’a pas le dessin sous les yeux. Et pourtant le pari est réussi, grâce notamment à l’enchaînement des dialogues et des réparties percutantes.

Si l’on continue la litanie des points forts de la BD, j’évoquais les personnages, il n’en manque pas un, tous fidèles au rendez-vous, parfaitement dépeints. La plume de Jeanne-A Débats, sans être exceptionnelle, sait rendre les caractères de chacun de nos aventuriers, les décrit fort bien, sans oublier les arrière-pensées sournoises de nos démons, mages et autres chevaliers de la Lumière. Les chapitres sont courts, rythmés, les batailles très bien décrites, et les rebondissements ne manqueront pas pour ceux qui ne connaissent pas la BD (mais y’en a-t-il encore ?). A ceux-là, je dis, vous pouvez acheter les yeux fermés, vous passerez un bon moment de détente. Mais ensuite, ruez-vous sur les 21 albums, vous en prendrez plein les yeux !

La question est donc : « le roman vaut-il le coup pour ceux qui ont déjà lu la BD ? » et ils sont nombreux, évidemment. Ma réponse est catégorique ; c’est oui, on prend un plaisir différent mais tout aussi jubilatoire à suivre les aventures de Wismerhill, Pile-ou-Face et Feydriva. Les épées de Pile-ou-Face sont encore plus drôles dans le roman, et la ramènent encore plus souvent (du moins en ai-je eu l’impression). Les armées sont tout aussi impressionnantes et visuellement bien décrites. Sans avoir l’impact immédiat de nos fameuses doubles planches où ça castagnait dans tous les sens et où on en prenait plein les yeux grâces aux talents des illustrateurs successifs (mais surtout Olivier Ledroit, j’insiste 😉), les mots et formules bien troussés de Debats nous permettent de bien nous représenter les scènes et les combats… C’est toute la force des romans, et du pouvoir de l’imaginaire, c’est ce qui nous pousse tous à écrire et plus encore à lire. Découvrir des mondes et des personnages bien décrits, exactement ce qu’il faut pour s’évader de la morosité. En cela, le premier tome des chroniques de la lune noire « De gueules », tient la dragée haute à la BD originelle, et c’est déjà une belle prouesse… Une pépite donc, à consommer sans modération. Vivement le tome 2 !