La voie de la colère

2 Octobre 2018

Je vous avais quitté la dernière fois, l’esprit un peu chagrin avec ma critique acerbe de « l’Ombre d’une reine noire » de Raymond Feist, je vous retrouve aujourd’hui, tout aussi contrarié, mais pas pour les mêmes raisons, avec ma critique de l’ouvrage d’Antoine Rouaud, « la voie de la colère », parue en 2015 chez Milady.

On y suit l’enquête d’une jeune historienne venue interroger le général Dun-Cadal, le plus grand héros de l’Empire, afin de retrouver l’Epée de l’Empereur… Sauf que notre héros, depuis le temps, est devenue une épave, plus habitué à écumer les tavernes malfamées que les champs de bataille. Heureusement pour notre jeune enquêtrice, le général, malgré l’âge et l’alcool, n’a rien oublié de son passé prestigieux, et il va nous en livrer des passages les plus fabuleux.

L’écriture d’Antoine Rouaud est fluide, agréable, rythmée, précise… Rien à redire… Il y a des transitions entre les passages où le vieux général parle à l’historienne et ses souvenirs qui sont très bien amenées, tout en subtilité. Pour pour ceux qui connaissent le film « il était une fois en Amérique » et la scène du téléphone (qui ne cesse de sonner alors que De Niro est dans les vapes dans sa fumerie d’opium), il y a des transitions magistrales qui m’ont rappelé cette scène.

L’histoire est vite prenante, surtout quand on commence à en percevoir les ficelles, pas grossières pour deux sous, je vous le promets. Je dois même vous avouer avoir été sur le cul, oui, sur le cul, au beau milieu de l’ouvrage, lorsque l’histoire se révèle être bien plus subtile qu’elle n’y paraissait. Une mise en abîme grandiose qui a relancé l’intérêt du scénario au moment où il commençait à s’essouffler un peu. Une idée de génie que je n’ai pas vu venir, contrairement à mon ami Harken, qui s’en doutait un peu mais qui l’a apprécié tout autant, je vous rassure.

Alors pourquoi suis-je chagriné par ce roman qui s’est avéré être des plus plaisants ? Il est temps pour moi de laisser parler « la voix de la colère » (avec un x cette fois, oh la belle transition), parce qu’il y a un gros hic à cette histoire, c’est qu’elle demeure inachevée… On attend la suite, et cela depuis maintenant trois ans. Bon, je rassure tout de même le potentiel lecteur, d’abord enthousiaste au début de ma critique, et désormais dépité, le livre se suffit à lui-même. L’histoire est suffisamment cohérente et ficelée pour ne pas avoir à lire la suite pour en comprendre toute la portée…

- Stop ! me coupe Harken. T’emballe pas. Ravale ta hargne, ne déverse plus tes propos fielleux, regarde ce que j’ai dérobé hier dans la bibliothèque de Milady !

Et là stupeur, il me sort le dernier Antoine Rouaud, le tome 2 du livre et l’épée « une lueur sous les cendres".

- Diantre ! Tu as déniché là un bien précieux ouvrage. C’est qu’il était attendu ce second volet ! C’est un bien beau cadeau que tu me fais là.

- Qui t’a dit que je te l’offrais ? Permets moi d’abord de le lire ! Ta petite chronique a eu le mérite de raviver en moi le désir de lire la suite des aventures de Grenouille et Dun-Cadal.

Maintenant, c’est moi qui suis dépité… Je soupire, mais au fond, j’ai au moins atteint mon objectif, celui de donner envie de lire…

Bref, je ne peux que vous conseiller de découvrir ce jeune auteur français plein de talents dont la presse unanime a salué la sortie du premier opus, et dès que mon ami Harken aura lu « une lueur sous les cendres », il se fera un plaisir de vous en parler ici dans nos chroniques… héhé..