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Complots

Complots

J’entraîne Harken au fond d’une ruelle sombre, et il me suit en ayant l’air à la fois surpris et un peu effrayé.

 

- Où est-ce que tu m’emmènes ? C’est un vrai coupe-gorge, dit il en passant une main sous sa cape, prêt à dégainer sa lame.

 

La ruelle s’avère être une impasse, mais je sais parfaitement où nous sommes… devant le tripot le plus malfamé, et donc le plus fréquenté de la ville, car ce sont les types les plus malfamés qui aiment dépenser sans compter, étriper et tricher s’il le faut pour remporter la mise.

 

- Tu m’as mis au défi hier de te présenter un jeu de cartes, j’en ai trouvé un qui devrait te plaire. On y joue dans cet honorable établissement !

 

Harken relève la tête sur l’enseigne rouillée et branlante de la taverne des comploteurs.

 

- Ta taverne est aussi engageante que le quartier et l’impasse dans lequel elle se trouve. C’est quoi ce plan Breth ?

 

- Pas un plan, mon ami, un jeu… Il s’appelle Complots, de Rikki Tahta, édité par Ferti.

 

- Ah je vois ! Complots, le jeu, donc la taverne des comploteurs…

 

Je pousse la porte de l’établissement, qui donne sur une grande salle poussiéreuse, enfumée et encombrée de tables toutes occupées par des types louches, lorgnant autour d’eux avec méfiance. Il y a des tables de huit joueurs et quelques-unes de deux. Mon ami Harken en tire une première conclusion.

 

- Je parie que le jeu se joue de deux à huit joueurs.

 

Je souris mais me garde bien de me montrer un brin suffisant ou ironique, mon pêché mignon surtout avec Harken.

 

Une atmosphère sinistre, malveillante, soupçonneuse, imprègne les murs et les tables de l’établissement, jusqu’à en saturer l’air. Cette impression est renforcée par les regards mauvais ou hypocrites que se lancent les joueurs pour s’impressionner. Car complots est avant tout un jeu de bluff.

 

- Quel est le but du jeu ? demande mon compagnon en s’approchant de la première table. Pourquoi certaines cartes sont retournées et d’autres sont faces cachées ?

 

- Le but du jeu est simple et devrait te plaire. Il faut éliminer tous les autres joueurs en les assassinant.

 

Je vois une lueur d’intérêt briller dans les yeux d’Harken. Ce n’est pas un assassin, juste un voleur, mais il est tout de même attiré par… comment dirais-je, le « coté obscur » de l’existence. S’il faut tuer, il tue…

 

- Chaque joueur a devant lui deux cartes qui symbolisent ses deux vies, ce sont des cartes personnages qui ont des pouvoirs spécifiques, et qui se contrent les uns les autres. Un joueur peut très bien prétendre avoir un personnage sans l’avoir, juste pour affaiblir, nuire ou contrecarrer les plans de son adversaire.

 

- Ah oui, faire croire aux autres que l’on possède tel personnage sans l’avoir, ça me plaît bien comme idée.

 

- Mais si tu n’es pas assez convainquant et que l’on te remet en question, c’est toi qui perd une vie et retourne alors une carte ! Tiens regarde !

 

J’attire son attention sur une table qui semble s’animer. Une femme aux airs candides fixe un demi-ork au facies grimaçant, et lui lance tout sourire.

 

- Mon gros, je suis désolée, mais t'es vraiment trop moche pour demeurer à ma table, dit elle d’une voix douce. J’ai décidé de t’assassiner. J’ai un assassin à ma solde, et il te règle ton compte pour trois pièces.

 

Le demi-ork grogne et tripote ses deux cartes avec fébrilité.

 

- Et toi t’es trop stupide ma belle, tu t’es attaquée à la mauvaise personne. Et je te ferai remarquer que tu n’as plus qu’une vie…

 

- Ils peuvent tchatter comme ça longtemps ? me glisse Harken, surpris.

 

- Tous les coups sont permis. On peut causer autant que l’on veut, nouer des alliances et se trahir. D’ailleurs la donzelle peut très bien renoncer à son assassinat si elle sent que l’autre ne bluffe pas et peut la contrer.

 

Mais ce n’est pas le choix que fait la joueuse.

 

- Pour me contrer, il faudrait que tu es une comtesse dans ton jeu et t’as vraiment pas la tronche d’une comtesse, excuse moi de te le dire !

 

Le demi-ork grimace un sourire et retourne l’une de ses cartes. Il a une comtesse. La jeune femme se décompose sous ses yeux et l’autre monstre s’esclaffe.

 

- Et toi ma belle, on t’a jamais dit qu’il fallait pas se fier aux apparences ?

 

La donzelle est alors contrainte de retourner sa dernière carte, sa dernière vie, elle est éliminée.

Harken se précipite déjà pour prendre sa place, il a visiblement aimé. J’ajouterai que les illustrations de Naïade sont plutôt réussies, qu’il existe des extensions, et que c’est un jeu made in France dont les durées n’excèdent pas les vingt minutes !!!

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E
Un défi et jeu merci pour ce partage bonne journée bisous
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B
bisou à toi Evy et merci de ton passage, tu es toujours la bienvenue...