L’appel des illustres - Tome 1 : le sang des princes – Romain Delplancq

Une critique littéraire, (il y avait longtemps !) de mon complice de toujours, qui a mis à profit le confinement pour replonger le nez dans ses livres… Une critique sous forme de chronique rédigée donc par Harken… :

« -Elles sont quand même bien ces roulottes : on peut y ranger tout un bric à brac et même y dormir à l’abri des intempéries.

-Hmpf… me répond très explicitement mon petit barde préféré, Breth.

C’est sa façon de s’exprimer lorsqu’il ne veut pas avouer que son interlocuteur a raison.

Hmpf, donc. Il n’arrête pas de geindre depuis le début du voyage : « c’est cahotant, ça grince, c’est lent, c’est bruyant »,…

Enfin, Môssieur n’est pas content car je lui ai refusé d’embarquer une harpe lors de notre précédent arrêt au village de Tyl.

En fait, pour être plus clair : nous avons loué une roulotte pour déménager d’une planque, à la demande de ma guilde, toute une cargaison de marchandises à ramener dans les réserves de notre belle cité. Or, lorsqu’on s’est arrêté à Tyl, des forains vendaient à la foire organisée pour la fête patronale du village, une superbe harpe mais très volumineuse.

-Regarde ! La harpe de mes rêves ! s’était-il écrié.

-Arrête de me la faire : la harpe de tes rêves ! Je crois que j’ai déjà entendu cette expression une bonne dizaine de fois …

-Oui, mais celle-ci, c’est pas pareille, me réplique-t-il.

-Ça, c’est argumenté !

Je lui réponds que la roulotte est pleine et qu’on ne peut rien prendre de plus. Et là que fait-il ? Il ouvre les précieuses caisses pour mettre à jour ma précieuse cargaison.

-Non mais je rêve ! On transporte des caisses de masques…(Il se penche et lit). FFP2 ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Que va-t-on faire de ces masques ? Ta guilde s’est reconvertie dans la chirurgie sur pangolins ? J’hallucine ! On dégage quelques caisses, et on les remplace par ma harpe !

-Non, pas possible. J’ai des ordres clairs de la guilde : il faut tout ramener à la cité rapidement. Ces masques vont prendre une très grande valeur dans les prochains jours.

Et voilà pourquoi Môssieur est bougon et se plaint de cette roulotte…

Histoire de détourner la conversation, j’essaie d’embrayer sur autre chose.

-En parlant de roulotte, tu connais « L’appel des illlustres » de Romain Delplancq ?

-C’est un livre sur les roulottes qui transportent des masques ? répond-il en grognant (il répond, c’est déjà ça de gagner…ça veut dire qu’il est intéressé…je le connais bien ce cher Breth).

-Il est effectivement question d’un peuple nomade qui circule en roulottes. Mais voici de quoi il est question…

Le quatrième de couverture : « Le destin des ducs Spadelpietra est assuré. Inexorable. Une ascension déterminée vers le pouvoir, vers la couronne, vers la place qui leur revient de droit. Ils sont les pacificateurs, les bâtisseurs, les gouverneurs de Slasie. Ils sont les Illustres. Mais les nomades austrois y font à peine attention. Leur monde n'est fait que de théâtre, de musique, d'art et d'inventions dont ils gardent jalousement les secrets. Leur vie est une mécanique bien huilée, à l'image de leurs automates. Et pourtant, un tout petit hasard vient gripper les rouages de l'histoire. Une toile découverte par les Spadelpietra qui catapulte son peintre, le jeune Mical, dans une longue fuite... Premier tome du diptyque Le sang des princes, L'Appel des Illustres mêle habilement histoire, aventure, art et politique. Un roman qui marque les débuts en fantasy d'un jeune auteur à suivre assurément ».

L’appel des illustres est un premier roman de fantasy, mais qui sort des codes de la fantasy classique : une touche de steampunk (c’est un genre dont je ne raffole pas, mais là, le dosage est raisonnable et est fort à propos) et quelques références à la Renaissance historique italienne, mais en tout cas, on retrouve bien tout ce que l’on aime dans la fantasy : des intrigues, une épopée,…

L’auteur a créé un monde qui se tient parfaitement, qu’il ne divulgue pas dès le début, mais dont il distille des informations au fil des pages de son roman : les problématiques religieuses et politiques, les coutumes, les mythes,…

Tout commence par une mort, foudroyante, inexpliquée de la jeune cousine de l'Illustre duchesse Jana Spadelpietra. Elle meurt dans d'atroces souffrances en contemplant un tableau, banal et inoffensif en apparence. C’est alors que débute une traque initiée par une organisation secrète, la Masse Noire, destinée à mettre la main sur le peintre dudit tableau et le livrer aux Spadelpietra, noble famille qui doit prochainement s’unir avec la famille royale, rien que ça… Dans ce premier tome, on ne connait pas le pouvoir de ces tableaux ; le peintre non plus d’ailleurs, mais celui-ci doit fuir… C’est alors qu’il rencontre un peuple nomade, les Austrois, circulant en roulottes, qui ont su développer des compétences à réaliser des inventions mystérieuses et des spectacles captivants. En raison de leurs inventions, les Austrois sont invités par les puissants à les divertir lors de fêtes qu’ils organisent. Le fugitif va demeurer parmi les Austrois, apprendre leurs coutumes, mais ses poursuivants vont le traquer.

Ce roman est intriguant, parfois sanglant, mais surtout captivant.

Entre courses poursuites, manigances, luttes de pouvoirs, inventions surprenantes, insouciance, le premier tome prépare une vendetta menée par les saltimbanques.

Ce roman plein de fougue, bien écrit, se lit facilement, ne perd jamais le lecteur et lui permet de quitter son quotidien fait de gel hydro-alcoolique, de masque et autres accessoires des temps modernes.

Breth m’a écouté sans m’interrompre ; il est manifestement intéressé. Au surplus, l’approche de notre belle cité et le plaisir de retrouver sa chaumière, ses instruments, la « Fesse heureuse » ont fini de faire disparaître sa mauvaise humeur.

Je ne manquerai pas de vous faire part de mes impressions sur le second volet de ce dyptique dès que je l’aurai « dévoré »…

A consommer sans modération. »