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Que vaut "Cursed", la nouvelle série netflix sur les légendes arthuriennes ?

Que vaut "Cursed", la nouvelle série netflix sur les légendes arthuriennes ?

"Cursed", la dernière série de netflix sortie le 17 juillet sur la plateforme, nous a réuni, Harken et moi, dans un lieu arthurien à souhait, une belle clairière cernée de hêtres et de saules, mais surtout, possédant en son centre, un tumulus de granit, digne d’y voir planter la célèbre épée Excalibur !

- A aucun moment il ne parle d’Excalibur, me coupe déjà Harken. Cette épée, ils l’appellent le croc du diable.

Décidément, mon contradicteur ne me laisse pas le temps de pitcher la série, il veut d’entrée me contrarier. Je m’empresse donc de vous résumer le scénario avant qu’il ne nous embrouille davantage.

Cursed raconte comment Nimue, qui se retrouve en possession d’Excalibur (euh la dent du diable… la dent, le croc ?) va devoir retrouver Merlin pour savoir quoi faire de l’épée. Sauf que notre Bretagne est ravagée par les paladins rouges, des espèces de fanatiques de la foi chrétienne, qui ont décidé d’exterminer tous les Faës qui vivaient paisiblement jusqu’à présent. Cette Bretagne est bien sûr gouvernée par Uther, un roi qui ne quitte guère son château, un roi impuissant, indécis, et sous l’emprise d’une mère dont il a du mal à se défaire de l’influence.

- Sur le papier, c’est bien, enchaîne Harken en grimpant sur le cairn pour dominer notre petite assemblée. Nimue va défendre les Faës évidemment, poursuivie par les paladins rouges, et va devoir échapper à de multiples pièges et dangers, faire des rencontres, dont le fameux Arthur et la non moins fameuse Morgane.

- Mais, car il y a toujours un mais ?

- Mais c’est une grosse daube !

Par les invisibles !  (les esprits qui guident notre héroïne 😉 Harken est du même avis que moi ! Ce n’est pas possible, nous devions nous lancer dans un de nos célèbres débats contradictoires, ces débats qui ont fait notre réputation, en nous lançant quelques saillies drolatiques et autres perfides traits d’humour, et nous voilà alignés sur la même position. Comment vais-je rédiger cette controverse désormais ? Me voilà bien… C’est notre auguste aéropage qui va être déçu, nous avons attiré dans notre belle clairière une cinquantaine de suiveurs (followers ?), plus intéressés de nous entendre pourfendre les arguments de l’un ou de l’autre, que de nous voir défendre le même avis.

- Moi je crois que vous n’avez pas aimé le point de vue audacieux de la série !

C’est Weenara, qui a pris sa journée, pour m’entendre débattre, qui vient de répondre à Harken. Ma Weenara, ma serveuse bienaimée, celle que j’aime en secret d’un amour platonique… Et qui se révèle aujourd’hui dotée de bien peu d’esprit critique. Mais bon, on ne peut pas tout avoir, non plus : le charme et la gentillesse ne font peut-être pas bon ménage avec l’esprit d’analyse. Mais cela signifierait alors que je n’ai ni charme et que je suis méchant ? Lorsque je reprends le fil de la discussion, Weenara en est à exposer ses arguments.

- C’est une vision féministe des légendes arthuriennes. Vous êtes deux males blancs alphas et dominants, vous n’avez pas saisi les subtilités du scénario. Vous n’avez pas apprécié que ce soit une femme l’héroïne, qu’Arthur soit relégué au second plan !

Je suis sur le cul ! Elle n’a pas tort. Arthur est falot, Merlin, un poivrot, Uther, un incapable, Gauvain, un naze en stratégie ! Et si ma déception venait de là ? Je suis ébranlé. Mais Harken, moins sensible au charme de Weenara, lui répond vertement.

- Ca me fait mal de le dire, Weenara, parce que j’aurais adoré tresser des louanges à cette série, mais « Cursed » est une belle daube indigeste, sans moyen, pleine d’incohérences, au casting décevant, et pas parce qu’elle fait la part belle aux personnages féminins, au contraire.

- Katherine Langford (l’héroïne de la série) est extraordinaire, défend Weenara, qui semble soutenue par les nombreuses femmes de l’assistance. Elle était déjà très bonne dans la série « 13 reasons why » une autre série netflix. Et entendre dire que le casting est décevant alors que Merlin est joué par Gustaf Skarsgård (l’extraordinaire Floki de la série Vikings), ou que le moine pleureur est interprété par l’immense Daniel Sharman (que l’on a vu dans des séries comme Teen wolf, fear the walking dead, les Médicis, ou dans des films comme Albion, ou les immortels !), ça frôle la mauvaise foi.

Pas faux, mais parler de Daniel Sharman comme s’il s’agissait de Robert de Niro, faut oser. Je suis néanmoins surpris que Weenara soit aussi bien renseignée sur la série. Elle ne manque ni de souffle, ni d’arguments, et toujours pas de charme. Elle est soutenue par les femmes qui approuvent bruyamment.

- Ce sont des noms sur un papier, moi je ne me laisse pas impressionner, riposte Harken, décontenancé par le fait qu’il ait une femme, et la plus jolie, comme détractrice. Je juge sur le vrai jeu des acteurs, et non sur des performances passées, certes pas mauvaises, mais qui ne sont pas ici à la hauteur de leur talent. Il faut dire à leur décharge, qu’ils sont vraiment desservis par le scénario ! Merlin, alcolo, non, mais vraiment !

- Tu aurais pu te reconnaître en lui, réplique Weenara du tac-au-tac.

Oulà, c’est qu’elle est remontée et ne manque vraiment pas de répartie. Elle vient de clouer le bec à Harken qui en demeure sans voix. Il me lance un regard un brin désespéré pour que je vienne à sa rescousse mais cela me plaît trop de le voir en difficulté. Et puis, je ne veux pas contredire ma douce et belle Weenara qui ignore finalement ma position et croit peut-être défendre ce que je pense. Après tout, il est de coutume que nous nous opposions, Harken et moi.

- Enfin Weenara, je veux bien que « Cursed » revisite la légende du roi Arthur, avec des personnages un peu éloignés de leur caractère d’origine, c’est un peu le but, mais si revisiter signifie donner aux personnages de ces quêtes fabuleuses, des visages mièvres de jeunots prépubères juste parce que c’est tourné pour une plateforme d’ados, là je dis non ! Si c’est pour donner aux héros arthuriens, des personnalités sans intérêt : Merlin en alcoolique, passe les dix épisodes à se balader avec son bâton sans être capable une seule fois de lancer un sort. Remarque, c’est commode, ça évite les effets spéciaux, et surtout, d’avoir à écrire deux lignes de plus de scénario pour en décrire les effets. Morgane, Gauvain, Perceval traversent la série comme des figurants alors qu’ils ont des seconds rôles essentiels.

- Perceval ? t’es sûr ? Hasardai-je pour m’extirper de ce silence qui me relègue au rang de spectateur depuis le début de leur petite joute.

- Eh oui… ils ont osé transformer Ecureuil, un gamin de 8 ans en Perceval… Misère de misère, quel casting ! De toute façon, c’est une manie dans leur série, tout le monde change de nom à un moment ou à un autre. Sœur Ygraine devient Morgane, le moine larmoyant (attention, petit spoil… Je vais couper à cet endroit pour la peine)…

Imue (Katherine Langford) avec Arthur (Eilias Changuel)

Imue (Katherine Langford) avec Arthur (Eilias Changuel)

- Le moine larmoyant devient même Lancelot dans le dernier épisode !

- Mais c’était original de déjouer les codes, de ne pas avoir un vieux Merlin barbu manipulateur et imprégné de magie !

- Non, ça c’est sûr, il est imprégné d’alcool ! Lui balance Harken qui n’a pas digéré la première pique, je le vois à son petit sourire vengeur. Heureusement, il ne se contente pas de son bon mot, et développe un peu son argumentaire, que je ne suis pas loin de partager (même si cela me fait mal de le montrer, je demeure impassible). L’idée même d’un Merlin désabusé, un brin alcoolique, ne m’a pas dérangé au début, mais quand c’est devenu lourd, et surtout prétexte à des rebonds scénaristiques, là je dis non ! Il voit sa fille, boit un coup, et du coup, il est ivre et par conséquent… bon j’arrête pour ne pas spoiler, mais vous voyez le genre, c’est pas crédible une seconde ! Moi qui avais adoré les dames du lac, qui suis fan d’Excalibur, j’avais espéré qu’une vision féministe des légendes arthuriennes auraient pu dépoussiérer le genre, mais non, pas une seule allusion à Avalon, Excalibur est devenue le croc du diable.

- Il y a quand même les Faës, persiste Weenara, ces êtres différents, avec des petites cornes, ils sont persécutés et c’est pour eux qu’Imue se bat. C’est une ode à la différence, à la tolérance…

- Tellement classique, bien-pensant, dans l’ère du temps, que cela en devient rasoir. Et puis ces faunes avec leurs petites cornes en plastique, ça sonne vraiment faux. A l’image des batailles, ringardes à souhait, réduites à deux ou trois duels de cascadeurs.

- Oui, ils manquent de moyens et ça se voit ! Concède Weenara.

Harken jubile, il a réussi à rallier sa détractrice sur au moins un point. Il faut dire que le manque de budget est si criant que chaque lieu est réduit à une salle ou un décor, et que les batailles sont d’une navrante banalité, peinant à réunir plus de vingt figurants.

- Bon on a compris qu’on ne vous mettrait pas d’accord, lance une voix dans l’assistance. Mais ça vaut quoi au final, par rapport à des séries comme « l’écuyer du roi » ou « the witcher » ?

Il est vrai que les séries fantasy ne courent pas les rues, d’où mon malaise à ne pas soutenir celle-ci. Je décide de saisir l’opportunité de cette question pour reprendre la parole et le fil de ma chronique.

- La fantasy est un genre assez rare dans le monde des séries, dis-je en essayant d’adopter une voix professorale, histoire d’imposer le silence à mes deux détracteurs qui auraient sûrement eu envie d’en découdre encore un peu. Netflix a financé deux ou trois projets ambitieux mais pas totalement abouti. Je n’avais déjà pas aimé The witcher, mal ficelé et sans souffle également. Seul le héros tenait à peu près la série. Mais si vous me rejoignez sur mon jugement concernant « the witcher », alors épargnez-vous les dix épisodes de « Cursed », car je suis désolé, Weenara, et ça me fait mal de te désavouer, mais c’est encore plus mauvais que « the witcher ». Pourtant, je ne suis pas un mauvais coucheur plein de fiel, puisque notre ami (je désigne l’homme qui vient de nous poser la question), se souvient probablement que j’avais défendu la série « l’écuyer du roi », bien tournée, avec de vrais décors d’héroic fantasy, un casting intéressant, et au-delà du scénario assez prévisible, une histoire prenante malgré tout. Non vraiment, ne vous laissez pas abuser comme moi, le premier épisode de « Cursed » annonce la couleur de toute façon, le deux et le trois maintiennent un semblant d’intérêt, mais ensuite, c’est long, c’est long, mais c’est long, et le final est poussif, poussif, tellement incohérent. Dix épisodes pour arriver à ça, je dis halte ! Arrêtez le massacre ! Tout aurait pu tenir en six.

Weenara me lance un regard désabusé, j’espère ne pas l’avoir perdu avec cette conclusion tranchée, ni vous qui êtes allé au bout de cette longue chronique, qui avez pris le temps de me lire jusqu’au bout… Mais l’honnêteté me poussait à la désavouer, tout comme elle me pousse à dénigrer une série qui aurait pu faire amener les amateurs de légendes arthuriennes à la fantasy, ce dont je doute fortement à la vue de « Cursed »… Mais je parierai ma chemise qu’il y aura une saison deux, malgré tout… L’audience, seule, compte, pas la qualité !

Que vaut "Cursed", la nouvelle série netflix sur les légendes arthuriennes ?
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