Que vaut la roue du temps ? Mon avis définitif.

13 Janvier 2022

Lors de ma première chronique sur la nouvelle série fantasy d’Amazon, lancée à grands renforts de pubs, je m’étais promis de revenir vers vous pour vous livrer un avis définitif et objectif sur l’ensemble de la série… Huit épisodes au total. En effet, n’étaient sortis à l’époque que les trois premiers, le rythme étant ensuite de lancer un nouvel épisode tous les vendredis. Alors que vaut finalement « La roue du temps » ?

La première saison (une seconde est en préparation) se termine à la fin du premier tome de la saga de Robert Jordan. L’honnêteté me pousse à avouer que je n’ai lu que le premier tome de cette œuvre colossale (et inachevée par son auteur), que j’avais apprécié son monde, ses personnages et son style sans en être un fan absolu (quelques longueurs tout de même). Mais cela me permet de faire un parallèle entre l’œuvre originale et son adaptation, sans être pour autant un ayatollah de la fidélité à outrance par rapport au roman. J’avais grandement approuvé l’adaptation et les (gros) écarts scénaristiques entre « le trône de fer » de Martin et la série « GOT », alors que j’étais fan du bouquin pour la simple et bonne raison qu’à mon sens, le visuel d’une série prend le pas sur la littérature, et qu’elle possède surtout son rythme propre. On n’adapte pas une œuvre uniquement pour les fans, mais on se doit bien sûr d’en respecter l’esprit, le monde et l’histoire. Voilà pour ce préambule un peu long que mon ami Harken n’aurait pas manqué de railler s’il avait été présent. Ceci étant dit, on retrouve cette forme de fidélité à l’œuvre dans la série, mais qui se délite un peu, malgré tout, au fil des épisodes.

Alors que vaut cette série ? Si vous avez pris la peine de me lire jusqu’à cette ligne, je vous dois bien une réponse claire, nette et précise. Mais comprenez que pour vous répondre aussi clairement, je me suis tout de même tapé huit épisodes, soit près de huit heures de mon existence (car les épisodes durent un heure en plus)… Vous la devinez ma réponse ? Vous me voyez venir, un peu, avec mes gros sabots ? Comment ça non ?

Que vaut cette série ? Eh bien je vais te le dire, moi, mon ami ! Pas grand-chose ! Elle ne mérite pas l’attention que je lui ai portée en tous cas. Je m’en suis douté dès le quatrième épisode, long, mais long, si long que j’ai trouvé le moyen de piquer du nez au milieu de l’épisode.

« La roue du temps » souffre des maux que j’avais hélas pressenti dans ma première chronique. Ah que j’aurais aimé me tromper ! J’avais écrit (vous pourrez vérifier) : « J’ai peur que par la suite, on retrouve des erreurs de casting, des paysages un peu répétitifs, bref que l’on sombre dans une forme de facilité qui desservirait l’histoire. » C’est tout à fait ça. Des personnages pas à la hauteur, dont le fameux confesseur noir, qui meurt dans une scène grotesque, indigne de figurer dans une série, même sur Chérie25 (mais je n’ai rien contre Chérie25, j’aurais pu dire NRJ12 ou 6ter). Bref, c’est mauvais. J’émettais des craintes sur le casting, et je redoutais notamment l’apparition du Loial (créature mythique du livre, mélange de ent tolkienien et de géant empli de sagesse) et j’avais raison de le craindre, il est ridiculement caricatural et enfantin. Même les jeunes héros en deviennent insipides et caricaturaux (la faute aux scénaristes surtout et aux dialogues creux). Mais il n’y a pas que les personnages, le rythme ne fonctionne pas, les décors sentent le carton plate à plein nez, les paysages sont répétitifs… Rien ne va plus…

Pour vous faire ce bilan, j'ai bien sûr regarder le dernier épisode, qui est bâclé, et décevant au possible. Comme toute bonne série de fantasy, depuis GOT (la référence en la matière) mais aussi « The witcher » (une grande déception aussi), le point d’orgue doit être désormais une grande et belle bataille. Sauf que si l’on n’a pas l’imagination et surtout les moyens de GOT, on évite, car on va souffrir gravement de la comparaison. J’avais déjà descendu en flamme cette parodie de bataille sans le moindre copeck dans l’épisode final de « The witcher » (épisode nullissime qui anéantit toute la saison déjà médiocre), et bien, dans un genre différent, regardez la bataille de « la roue du temps » (épisode 9), ou plutôt, non, je vais vous éviter ce supplice (attention spoiler alerte). On a tous en tête l’image de la bombe atomique ? Eh bien, la bataille de « La roue du temps », c’est Hiroshima, vaste plaine, en couleur, et boum… A plus de vilains trollocs et blafards, disparus, pulvérisés. Avant, ils auront quand même pris d’assaut la grande muraille de Chine (à moins que ce ne soit celle de world war z ?), mais de qui se moque-t-on ? Et que dire de cette façon de faire ultra classique depuis les années 80 et Starwars qui consiste de passer d’un front à un autre, parfois au bout de 20 secondes, juste pour rallonger la sauce et atteindre l’heure fatidique de fin de partie, et pouvoir enfin annoncer la saison 2… De qui se moque-t-on, bordel ?

L’on peut dès lors nourrir de sérieux doutes sur la série phénomène à venir, « le seigneur des anneaux », et je commence à comprendre l’appréhension des fans. S’ils en ont fait (car c’est tourné), ce qu’ils en ont fait de « La roue du temps », on peut craindre le pire ! Gandalf, reviens, je t’en conjure !

Et là, vous ne me croirez pas, mais une explosion, devant moi, m’oblige à relever le nez de mon parchemin sur lequel je porte les commentaires que vous lisez, et surgie de nulle part, une silhouette grise au beau milieu d’un panache de fumée, un vieil homme brandissant son bâton et martelant le sol pierreux du pont où il vient d’apparaître, me lance d’une voix devenue légendaire.

- Vous ne passerez pas !

Je le regarde d’un air hébété… Aurais-je abusé de l’herbe à pipe ? Le pouvoir de l’esprit, de l’écrit, de l’imagination sans doute, oui, c’est cela… contre celui du bizness et des adaptations bâclées.

PS : Voyez, comme je ne suis pas rancunier avec Amazon, je mets en lien sur le blog, de petits suppléments animés de trois minutes, vachement bien faits sur le monde de Jordan, son univers, son ambiance. La dislocation du monde, la chute de Manetheren, le plus grand champion, la tour blanche… C’est bien filmé, bien dessiné, noir à souhait, un choix assumé, original, prenant, avec une bonne musique. Mais je vous préviens, cela n’a rien à voir avec la série qui est l’antithèse de ce que vous verrez. Si ces décors s’étaient retrouvés dans la série, cette ambiance, cette noirceur, j’aurais adoré, comme quoi…