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Les seigneurs des runes - Tome 1 : la douleur de la terre – David Farland

Les seigneurs des runes - Tome 1 : la douleur de la terre – David Farland

« Breth, tu m’écoutes ? murmurai-je.

« Ho, ho ! Je suis là » insistai-je en haussant le ton.

Breth était devant moi, dans cette auberge, le céans sur une chaise, la tête dans les mains, les coudes fermement posés sur la table devant lui, l’ensemble maintenu en équilibre grâce à ses deux bras puissants (même pour un barde) figés et verticaux tels les piliers du temple de Xoss.

Ses yeux étaient clos.

Je venais seulement de le remarquer et peut-être cela faisait-il un moment qu’il s’était assoupi.

Lorsque notre humeur était joyeuse, nous choisissions notre table au coeur de l’auberge mais lorsque nous souhaitions plus de retenue, échanger quelque information sérieuse ou grave, ou simplement philosopher, évoquer certaines chroniques, certains projets ou tout simplement être un peu au calme, nous nous retirions dans un coin de l’auberge, éloigné des convives aux oreilles indiscrètes.

Nous étions là, dans ce coin de pénombre. Victime du peu de luminosité, Breth s’était assoupi.

Il avait peu dormi ces derniers temps puisqu’il s’était fixé de regarder en peu de jours quelques séries pour en faire la critique sur notre blog.

Il est vrai que, pour sa part, son investissement pour le blog est plus significatif que le mien, et je lui en rends hommage. Il n’hésite pas à donner de sa personne pour que les critiques sortent rapidement et ce, pour contenter notre public de lecteurs…

Ses nuits ont ainsi été, ces derniers temps, un peu plus courtes que les miennes.

Il est également vrai, à sa décharge, que la conversation que nous avions depuis quelques minutes avaient dérivé vers « l’ensemble des concepts de la connaissance systématique » et la question « des deux modes de connaissances de la réalité, l'un qui porte directement sur le concret, saisi dans sa singularité, l'autre qui n'atteint le réel qu'à travers des déterminations de caractère abstrait » (pour être honnête, en l’écrivant, je ne sais plus ce que cela veut dire…).

« Breth ? Breth ? » répétai-je.

- Harken ? » répondit-il, de l’air de celui que l’on interpelle sans raison.

« Poursuis ! » me dit-il, comme s’il avait véritablement suivi depuis 10 minutes mes brillants propos sur les thèmes que nous évoquions.

- Bon, voilà », changeais-je de sujet. « Je voudrais maintenant te toucher deux mots d’un bouquin qui m’a bien plu ».

Pour son amour propre, je ne relevai pas qu’il s’était assoupi, car je savais qu’en toute mauvaise foi, il m’affirmerait que c’était faux et qu’il pourrait tout me redire, encore qu’il est vrai, que parfois, il m’impressionne : il lui est arrivé d’être assoupi et, pour autant, être capable de me redire, à peu de choses près, les propos que j’avais tenus…

Serait-ce un don ?

Enfin, je ne tenais pas à aller sur ce terrain et souhaitais au contraire profiter de ce petit moment ensemble pour partager ma dernière lecture : « Les seigneurs des runes » - Tome 1 : la douleur de la terre ». En parlant de dons, l’ouvrage dont il est question dans cette chronique porte en quelque sorte sur eux.

Il s’agit du premier tome d’une saga en regroupant neuf.

L’ouvrage a été écrit par David Farland, de son véritable nom : David Wolverton, auteur notamment d’un volume de la saga Star Wars : « le mariage de la princesse Léïa ». Je ne sais pas si c’est cette référence aux livres de la saga Starwars constitue une garantie de qualité. Peu importe. En plus de l'écriture, il travaille pour une société qui édite des jeux vidéo.

Ce premier tome du Seigneur des Runes est une belle découverte (qui paraît-il intéresserait le cinéma pour une adaptation).

Ce livre est de la pure fantasy : un monde imaginaire, très médiéval, composé de plusieurs Royaumes, de la magie au cœur de l’ouvrage (dans le titre, il est question de runes, c’est donc que la magie est bien présente), des luttes de pouvoirs,... A ce stade de la série, le monde est surtout peuplé d’humains, qui sont au cœur de son activité. Mais les quelques créatures fantastiques pointent le bout de leur nez que l’on croise dans le livre sont intéressantes : des ondines, des géants de pierre, mais également des wyldes (créature magique créée par un magicien de la terre) ou des nomens (sortes de singes de combat).

Venons-en à l’histoire.

« Il existe un monde ancien où règne un étrange système de magie. Certains nobles peuvent s'approprier les Dons d'autres hommes : Intelligence, Force, Vue, Odorat. Les plus puissants sont appelés les Seigneurs des Runes. En contrepartie, ils s'engagent à assurer la subsistance de leurs Dédiés et de leur famille.
Mais celui que l'on surnomme le Seigneur-Loup s'est également octroyé les Dons de certains animaux et rêve de prendre le pouvoir absolu sur le royaume. Face à lui, le jeune prince Gaborn est peu armé pour le combattre. Lui ne rêve que d'amour et d'une vie paisible sans magie... »

Ce quatrième de couverture en dit beaucoup sur ce monde très original.

Les seigneurs des runes - Tome 1 : la douleur de la terre – David Farland

L’auteur nous propose un concept innovant en vertu duquel un personnage peut accumuler de nombreux « pouvoirs » grâce aux dons de force, constitution, intelligence, vitesse, charisme, … que d’autres personnes appelées « Dédiés » lui consentent (librement ou non) au sacrifice de l'une de ces habilités.

Les dédiés sont par exemple des personnes pauvres qui font don par exemple de leur force au profit de leur seigneur ou autres nobles en contrepartie d’une obligation pour ces derniers de le protéger (puisque sans force, le Dédié n’est plus bon à rien et devient très fragile). Ou encore, le seigneur peut imposer (par sa Voix et son charisme) à ses victimes de lui donner leurs dons et ce, contre leur volonté…

Les seigneurs (Seigneurs des Runes) en question se retrouvent alors surpuissants dotés de qualités hors normes…

(On se retrouve un peu dans le jeu de rôle où chaque joueur dispose d’une feuille de personnage avec différentes compétences : Force, Dextérité, Intelligence, Charisme,…).

 

Dans l’histoire que nous déroule David Farland, un seigneur venu du sud appelé Raj Athen envahit l’ensemble des autres Royaumes en usant de ses pouvoirs acquis auprès des Dédiés et de ceux de son armée, composée notamment d’ « Invincibles » (qui ne sont pas sans rappeler les janissaires de l’armée ottomane de Soliman le Magnifique ; d’ailleurs, le nom de Raj Athen sonne un peu comme ceux que l’on aurait pu rencontrer dans l’entourage de Soliman).

Son objectif semble être de réunir par la force et sous son égide, l’ensemble des Royaumes contre un ennemi qui menace aux frontières du monde décrit et dont on parle peu au niveau de ce premier tome : les « maraudeurs » (leur intervention me fait penser à GOT).

Raj Athen apparaît être l’archétype du « vilain » de tout ouvrage de fantasy. Mais, en fait, je ne pense pas que ce soit aussi simple (la suite me le confirmera peut-être) : certes, il force les hommes à lui donner des pouvoirs, il attaque les royaumes en place pour en avoir le contrôle, mais son objectif final semble juste et bénéfique pour le monde actuel (la protection de ce monde contre les maraudeurs), et ce, d’autant qu’en accumulant certains pouvoirs en grand nombre, son espérance de vie est très réduite, et il en a conscience.

En outre, ce n’est pas un « vilain » à la Sauron, ce dernier n’étant pas humain, n’étant animé que par un esprit de destruction, un vilain inaccessible en quelque sorte : ici, Raj Athen est un homme, mais doté de pouvoirs qui semble parfois animé de doutes…un être humain en fait.

Ce « vilain » est donc complexe, ce qui donne de la richesse à l’ouvrage.

Quelques protagonistes (dont le principal, Gaborn) apparaissent au premier abord quelques peu stéréotypés mais ceux-ci vont bien évoluer et s’enrichir au fil des pages.

Le monde est également centré sur la magie. Les mages sont attachés à l’un des quatre éléments : ceux du feu par exemple combattent pour Raj Athen.

Celui de la terre (le seul que l’on croise dans le tome 1) protège le monde des hommes et dispose de la terre et de la nature pour ce faire : il est un peu détaché du monde mais reste néanmoins très impliqué pour protéger les hommes de Raj Athen. Il m’a fait penser à Gandalf (sa robe qui change de couleur : si elle était verte comme le printemps, elle devient rouge couleur de l’automne dans l’ouvrage…son âge et sa sagesse avançant…Mais aussi : sa volonté de protéger les hommes tout en demeurant conscient de leurs faiblesses de caractère).

Il n’est pas encore question des mages servant de l’eau et de l’air au niveau du tome 1.

Les mages sont puissants mais face aux seigneurs des runes, ils ne peuvent pas tout.

J’ai évoqué quelques clins d’œil avec le Seigneur des Anneaux ou GOT, en voici un autre : la Voix. Raj Athen, qui bénéficie de pouvoirs de Voix arrive, uniquement par la parole à convaincre ses adversaires de déposer les armes…ça ne vous rappelle pas Darth Vador ? Moi ça me rappelle les Béné Guesserit de Dune (intervention inopinée de Breth ;-)

Au-delà de ces quelques ressemblances qui ne m’ont pas gênées, j’ai trouvé la lecture des 625 pages du tome 1 très plaisante car l’écriture est très fluide, l’histoire prenante, le monde original, cohérent et riche, les personnages attachants.

C’est une belle découverte.

Même si je crains que les volumes suivants fassent également plus de 600 pages, cela ne me répugne pas tant je suis intéressé de voir comment vont évoluer les différents protagonistes, mais également quelle est la nature et les intentions profondes de Raj Athen…

Bref : c’est du bon à mettre entre toutes les mains.

Même si ma chronique s’est avérée être un monologue, il s’avère et je m’en réjouis que Breth est resté éveillé jusqu’au bout.

J’ai donc suscité son intérêt et c’est tout ce qui m’importe…

 

Article rédigé par Harken

Les seigneurs des runes - Tome 1 : la douleur de la terre – David Farland
Le dernier tome "le soulèvement" de David Farland (tome 8 des seigneurs des runes)

Le dernier tome "le soulèvement" de David Farland (tome 8 des seigneurs des runes)

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M
Voila une saga qui pourrait m'intéresser... mais le fait qu'il y ai 8 tomes me rebute pas mal. J'ai du mal avec les longues sagas, car les quelques unes que j'ai lu jusque là finissent toujours par se casser la gueule à un moment, et ça m'emmerde d'acheter les 2-3 premiers tomes pour ensuite abandonner parce que ça traîne en longueur
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